François HOUTART

François Houtart est né à Uccle (Bruxelles), le 7 mars 1925 et décédé à Quito en Équateur, le 6 juin 2017. Le chanoine François Houtart fut à la fois, prêtre, sociologue, enseignant à l’Université catholique de Louvain et militant international pour la défense des droits humains élémentaires. Il est une figure fondatrice de la théologie de la libération et de l’altermondialisme. François Houtart est le fondateur du Centre tricontinental et de la revue Alternatives Sud.

 

Participation à la revue

  • N°45, Diaristes belges : Notes sur le Viêt-Nam

 

Présentation du journal de voyage de François Houtart au Viêt-Nam

Dans les années 1960, à l’invitation de Jean Verstappen, un sénateur communiste belge, François Houtart est introduit auprès des Vietnamiens du Sud et du Nord qui viennent en Europe pour informer de la situation de la guerre sur place.

En tant que pacifiste François Houtart s’engage et donne des conférences afin de montrer, au nom du droit des peuples à l’autodétermination, que la guerre contre le Viêt-Nam n’est pas légitime, qu’il s’agit d’un conflit colonial de l’impérialisme capitaliste mondial.

Son premier voyage s’effectue en 1968 alors qu’il vient d’être fait docteur honoris causa de l’université Notre-Dame, il décide de faire un détour par l’Asie lors d’un voyage de retour du Canada vers la Belgique. Il passe alors par le Japon, la Corée du Sud, Hong Kong, les Philippines, Le Viêt-Nam, le Cambodge et l’Indonésie. C’est au Japon, à l’ambassade du Viêt-Nam, qu’il peut obtenir un visa pour le Sud, qu’il n’aurait pu obtenir en Belgique étant donné ses prises de position politiques publiques.

François Houtart arrive à Saigon peu après l’offensive de Têt. Il rencontre l’archevêque de Saïgon Nguyên Van Binh, avec qui il a travaillé lors du concile de Vatican 2, l’Internationale des femmes auxiliatrices, un prêtre belge Jan Frisk et des prêtres qui sont opposés à la guerre. Son journal de voyage, dont nous donnons ici de larges extraits, avertit le lecteur que les noms et les lieux sont masqués car il importait de ne pas se faire repérer par la police et la CIA. Les dangers et les suspicions étaient bien réels. Dans ses archives personnelles qu’il a données à l’APA-AML, François Houtart fait figurer, juste avant son récit de voyage au Viêt-Nam, une lettre qu’il a envoyée au cardinal Suenens, son supérieur, collaborateur et ami, le 20 décembre 1967 pour le mettre au courant, le plus exactement possible, de la part qu’il a prise dans la question de la guerre du Viêt-Nam. Dans cette lettre, qui ne se veut ni plaidoyer ni demande d’approbation, François Houtart confie à son évêque que ses opinions et ses engagements politiques ne sont pas compris par certains milieux catholiques : des lettres de protestation et d’injures sont parvenues à l’Université catholique de Louvain et le recteur lui a demandé de ne pas faire état de son titre de professeur à l’Université lors de ses activités militantes…

L’engagement de François Houtart auprès du peuple vietnamien se poursuivra longtemps. En 1973, il visite le Nord Viêt-Nam avec Jean Verstappen, ainsi qu’en 1975 et en 1976. Dès 1970, il a mis en place un institut de formation en sociologie marxiste à Hanoi, grâce à un budget du ministre de la coopération belge, Lucien Outers, destiné à former des professeurs vietnamiens à l’Université catholique de Louvain et à organiser des cours d’été à Hanoi. François Houtart donnera ces cours avec Geneviève Lemercinier, sa collègue et amie.

Après 2 ans de cours théoriques, une étude pratique a lieu dans la commune de Hai Van, dans le delta du Fleuve Rouge. Durant 10 ans, l’équipe vietnamo-belge étudie les mécanismes de transformation sociale de la réforme agraire et publie un premier rapport. Après une parenthèse, due à la rigidité idéologique de la jeune génération des communistes vietnamiens, la collaboration pour l’étude de la commune rurale de Hai Van reprendra à la fin des années 1990.

Francine Meurice